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Quand Azouz Begag prône l'égalité des chances !

Le mardi 29 novembre 2005, Azouz Begag s'est rendu à la mairie de Corbeil-Essonnes pour officialiser la Convention d'Education Prioritaire signée entre le lycée Robert Doisneau et Sciences-Po.

Ministre délégué à la Promotion de l’Egalité des chances depuis juin 2005, Azouz Begag est d'origine algérienne. Il est né en France, en 1957, dans la banlieue lyonnaise. Il possède un Doctorat en économie de l'université Lyon 2 et menait de front deux carrières; sociologue et romancier, avant d'être appelé au Gouvernement par Dominique de Villepin. Le 29 novembre 2005, il était à Corbeil-Essonnes pour encourager les jeunes des quartiers difficiles à viser les hautes études.

 

 

 

 

 

- Une bonne dizaine de jeunes issus du lycée de Corbeil-Essonnes vont tenter d'accèder à Sciences-Po.

Voici l'intégralité du discours prononcée par Azouz Begag à l'occasion de la signature de la Convention d'Education Prioritaire passée entre le lycée de Corbeil-Essonnes et Sciences-Po.

"J'ai bravé les bouchons de l'autoroute pour arriver à l'heure. J'ai tenu à être avec vous, aujourd'hui, afin de soutenir le remarquable travail de madame le proviseur, Geneviève Piniau, qui, dans les conditions difficiles que l'on sait, œuvre en profondeur pour semer les graines de l'égalité des chances sur notre terre de France. J'applaudis votre volonté d'associer, sans cesse, les familles à la vie scolaire. Je souscris aussi entièrement aux thèses du sénateur-maire quand il s'agit de donner aux jeunes les moyens de nourrir leurs besoins d'être. Ce besoin d'être, c'est aussi celui de non pas réussir au sens générique, mais de se réussir. C'est pour çà que depuis six mois, dans mon ministère, j'ai obligé tous les conseillers à conjuguer le verbe réussir, non pas avec l'auxiliaire avoir, mais avec l'auxiliaire être. "

 

 

 

 

 

Le ministre a salué des jeunes bien décidés à réussir.

J'appelle les profs des baliseurs de vie !

"Je veux qu'un jeune, à la fin de sa vie, puisse dire non pas j'ai réussi, mais je me suis réussi. Cela change tout ! Et pour cela, évidement, le parcours scolaire est essentiel. J'appelle les profs des baliseurs de vie ! Des baliseurs dont on a si grand besoin, aujourd'hui, dans une société qui souffre d'une telle désorientation. Monsieur Richard Descoings a évoqué le mot " orientation ". Et moi, je me souviens de mes conseillers d'orientation. C'est pas un vain mot l'orientation, c'est l'école, notre école laïque et républicaine qui peut et qui doit, aujourd'hui plus qu'hier, donner des repaires pour tous ceux qui en manquent , afin qu'ils puissent se doter du sens, le sens, au sens propre et au sens figuré, pour trouver une orientation. Alors, au sens propre et au sens figuré parce que j'ai, aujourd'hui, le sentiment profond que tout le monde cherche du sens et que tout le monde cherche un sens. "

 

 

 

 

 

- Azouz Begag a été accueilli par serge Dassault.

Leur donner un sens quant aux années à venir !

" J'ai été au salon de l'éducation, samedi, et je vois tellement de jeunes qui viennent voir des gens qui sont assis, devant eux, et qui les accueillent pour leur dire des choses, pour les écouter et pour leur donner un cap, pour leur donner une idée, pour leur donner un sens quant aux années à venir. Et puis, pour reprendre une métaphore marine, des boussoles, il en faut tellement aujourd'hui. Des boussoles dans ces quartiers, à l'écart de la ville, frappés de plein fouet par tout ce que l'on sait, le chômage, la désespérance. Mais qui sont aussi bouillonnant de vie, d'espoir, d'énergie, et de créateurs d'énergie vitale. C'est cette énergie que les conventions Aides de Sciences-Po permettent de canaliser. Il y a cinq ans, Richard Descoings a ouvert le débat sur le renouvellement des relations entre l'enseignement supérieur, les filières élitaires qui étaient devenues élitistes et leur rôle d'ascenseur social pour les publics les plus défavorisés. "

 

 

 

 

 

 

Azouz Begag aux côtés de Geneviève Piniau proviseur du lycée Robert Doisneau, et de Richard Descoings, directeur de Sciences-Po.

 

La confection, le tissage de la France de demain !

" Grâce à cette initiative, maintenant ce sont 33 lycées qui bénéficient, aujourd'hui, de ce dispositif. Qu'est-ce qu'il apporte, au fond ? Rien de moins qu'un formidable outil pour assurer la confection, le tissage de la France de demain, de la France de la mixité et de la diversité qui me tiennent tant à cœur. Mais ces conventions changent aussi la culture scolaire des établissements qui sont animés par la volonté collective de succès, comme madame Piniau l'a compris. Pour faire de son établissement un ascenseur social. Et je me demande, si, à vous écouter, on n'a pas besoin aussi de transformer cette notion trop unique d'ascenseur social pour la conjuguer au pluriel et pour dire des ascenseurs sociaux. Pourquoi n'y aurait-il pas plusieurs ascenseurs à prendre ? Plusieurs escaliers, plusieurs formes de réussites, plusieurs étages supérieurs à atteindre. A chaque fois que l'on évoque cette France de demain, il faut se forcer à changer notre regard. Eh oui ! On n'a pas réussi mais on se réussi. "

 

 

 

 

 

- Selon le ministre, il faut changer nos façons de parler et de penser.

Changeons nos mots, changeons nos concepts !

" On ne monte pas dans l'ascenseur social, mais,on monte dans l'un des ascenseurs sociaux pour se réussir. Changeons nos mots, changeons nos concepts, changeons nos façons de parler et de penser et, vous allez voir que l'on va radicalement changer notre société. Tous ces jeunes qu'il nous faut soutenir aujourd'hui ont besoin, pour que l'égalité des chances soit réelle, d'une expérience fondamentale, fondatrice. Celle du succès, bien sûr, celle de se réussir, bien sûr, mais surtout celle de l'estime de soit. Nombre d'entre eux vivent dans un univers pétri de sentiment d'échec depuis 25 ans. De l'incapacité, de la défaite, de l'absence d'un horizon social, scolaire, professionnel, existentiel. Il y a trois semaines, lorsque j'étais dans mon quartier de la Duchère, à Lyon, quartier HLM où j'ai passé 20 ans, au 17ème étage, grâce à une opération Grand Projet de Ville, un immeuble qui me faisait face, le mien, a été détruit, tout d'un coup il s'est affaissé. Tout l'horizon s'est ouvert derrière moi ! "

 

 

 

 

 

" Et j'avais l'impression qu'à chaque fois que l'on fait tomber un immeuble, on ouvre l'horizon ! "

Ils doivent se risquer à l'intégration !

" Et j'avais l'impression qu'à chaque fois que l'on fait tomber un immeuble, on ouvre l'horizon, on aère, on fait respirer un quartier. A chaque fois, l'on transforme la perspective du regard dans un quartier. On transforme la perspective de vie. Aujourd'hui, ces jeunes découvrent autre chose avec la possibilité de se réussir. Ils peuvent se croire ailleurs. Ils peuvent s'imaginer ailleurs. Donc, ils peuvent se projeter ailleurs, et, surtout, ailleurs avec les autres, avec un grand A. Ailleurs avec les gens qui sont dissemblables. Ailleurs avec les gens qui ne sont pas comme eux. Ils doivent, et c'est ce que nous leur offrons aujourd'hui, ils doivent se risquer à l'intégration. Cela fait peur de traverser le pont et de se retrouver chez les autres dont on avait tant de préjugés, dont on avait peur. Aller s'y risquer seul, évidement, non plus en groupe, non plus en famille, non plus avec les copains de son quartier. "

 

 

 

 

 

- Quatre signatures pour une convention ! ".

C'est la géographie mentale de notre pays tout entier qui est en train de bouger !

" Y aller seul, se confronter face à face avec les autres. C'est cela la mobilité. Tout l'enrichissement personnel qu'elle permet, à condition que l'individu accepte de prendre des risques et d'aller de l'autre côté. Aujourd'hui, quand je pense à ces conventions Sciences-Po, je me dis que c'est cela aussi Sciences-Po. Une nouvelle façon de faire la France, une nouvelle façon d'être français. C'est la géographie mentale de notre pays tout entier qui est en train de bouger. Le 12 novembre dernier, le Premier ministre, Dominique de Villepin, a demandé que se multiplient les ouvertures de l'enseignement supérieur vers les lycées en difficulté. Notre objectif, en effet, est de rétablir la mixité sociale, aujourd'hui le talon d'Achille de notre démocratie. En effet, les conventions ZEP, je les vois comme de véritables tuyaux d'égalisation des chances !"

 

 

 

 

 

Azouz Begag répond à Bruno Piriou, conseiller général Communiste.

Eradiquer le poison des discriminations !

" Elles permettent à de nouveaux publics de rentrer dans l'espace cultivé des valeurs républicaines et d'éradiquer le poison des discriminations dont a parlé le Président de la République dans son discours fondateur, il y a quelques jours. Dans cette dynamique, le ministère de la Promotion de l'Egalité des Chances, le ministère de l'ascenseur social, le ministère des ascenseurs sociaux, soutient toutes les initiatives de décloisonnement d'accès des jeunes des ZEP aux classes préparatoires aux études longues de manière à ce que les écoles d'ingénieurs, les écoles de management, d'administration puissent s'ouvrir à la diversité et se nourrir de cette diversité. Par cette convention que vous signez aujourd'hui, vous cassez ce plafond de verre qui cloisonne les Tarterêts. C'est une nouvelle France que nous sommes en train de bâtir ensemble et une société où le mot confiance va retrouver toute sa légitimité. "

 

 

 

 

 

- Le ministre a dialogué avec les jeunes des quartiers.

Quand on maîtrise ce pouvoir de la langue française, l'on peut très facilement traverser le pont !

" Et je voudrais terminer en disant quelque chose qui m'a toujours porté depuis ma naissance dans ce bidonville, depuis 48 ans. C'est la maîtrise de la langue française. Voilà pourquoi je me rends compte à quel point aujourd'hui, quand on maîtrise ce pouvoir de la langue française, l'on peut très facilement traverser le pont, aller chez les autres, exister comme les autres. Parce que dès que vous traversez le pont, les autres vous jugeront, bien sûr, à la façon dont vous êtes habillée, à la façon dont vous marchez, votre visage, peut-être votre nom, peut-être votre religion supposée, peut-être votre adresse aux Tarterêts. "

 

 

 

 

 

Symbole fort avec ces jeunes issus des quartiers aux côtés d'Azouz Begag et de Marianne...

Le meilleur, passeport pour aller en France, c'est la langue, la maîtrise de la langue !

" Mais dès que vous vous mettrez en scène devant eux et que vous commencerez à manier la langue française en sachant accorder le complément d'objet direct sans vous tromper. En sachant, parfois, quand vous n'avez pas entendu la fin d'une phrase dire " plaît-il ? " plutôt que " quoi ? ", alors, vous aurez compris que, de plus en plus, les gens vous jugerons par rapport à ce qui sort de vous. A ce titre, la langue est vraiment l'ambassadeur ou l'ambassadrice de ce que vous êtes vraiment. Alors, allez y ! Poussez sur la langue ! Poussez avec le prof de Français et dites à vos frères et sœurs, dans les quartiers, que le meilleur, passeport pour aller en France, c'est la langue, la maîtrise de la langue."

Photos : Bernard Gaudin ©

 

Contactez moi !

 

Azouz Begag est ministre délégué à la Promotion de l’Egalité des Chances depuis juin 2005.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Richard Descoings, directeur de Sciences-Po, souhaite que tous ceux qui en ont le talent puisse accéder à l'enseignement supérieur.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

" A chaque fois que l'on évoque cette France de demain, il faut se forcer à changer notre regard ! "

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

" Notre objectif, en effet, est de rétablir la mixité sociale ! "

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Une poignée de main "chaleureuse " entre Azouz Begag et Serge Dassault.